Les bases de l’alpinisme
L’ivresse du sommet, le spectacle des glaciers, l’ascension à la lueur de la frontale et l’adrénaline des passages techniques, ça y est, c’est décidé, vous voulez y goûter pour de vrai. Fini l’alpinisme de bibliothèque et la face nord du canapé, on s’y met !
Pour faire une entrée réussie dans l’univers de la haute montagne, le Groupe d’Alpinisme Féminin Savoie Haute-Savoie, lauréat de la bourse Millet MXP vous partage ses conseils matos et technique afin de mettre toutes les chances de votre côté pour atteindre les sommets de vos rêves.
Sommaire
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Le matériel pour l’alpinisme – @Outdoor Perspectives
définition de l’alpiniste
Si marcher crampons aux pieds et piolet à la main fait tant rêver c’est qu’il y a plus qu’un sport outdoor derrière cela. C’est 300 ans d’histoire et de tradition qui ont d’ailleurs été édifiés au rang de patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2019. L’alpinisme ou “l’art de gravir les montagnes par ses propres moyens”, n’est pas forcément difficile mais demande une bonne préparation physique, le goût de l’effort et l’appréciation permanente de ses capacités. Si vous êtes curieux tout en ayant conscience des risques encourus, si vous savez persévérer autant que renoncer alors les portes de la haute montagne vous sont ouvertes !
Il existe différentes façons de pratiquer l’alpinisme : randonnée glaciaire, escalade rocheuse, course d’arête, escalade mixte (rocher + neige), cascade de glace, goulotte, l’idéal étant de pouvoir toucher à tout et d’engranger le maximum d’expérience pour faire face aux multiples situations que réservent une aventure en montagne.
Les bases techniques
“Faire de l’alpi”, c’est sûr, ça en jette ! Mais pas besoin d’être Ueli Steck ou Elisabeth Revol pour assouvir sa passion des sommets. La capacité à marcher longtemps est le premier prérequis pour l’alpiniste en herbe. Entre le dénivelé et l’altitude, c’est rapidement entre 6 et 10h d’effort à fournir dans la journée. Un niveau 5b en escalade avec des expériences sur 5 ou 6 longueurs est une bonne base pour profiter pleinement de ses premiers sommets rocheux ou courses d’arêtes.
Marcher avec des crampons les 10 pointes solidement ancrées, s’encorder et avancer la corde toujours tendue, se servir d’un piolet et pouvoir stopper sa chute sont les techniques essentielles sur terrain glaciaire.
Un stage type « autonomie-sécurité » est ensuite la bonne option afin de maîtriser les fondamentaux, la pose de protections (pitons, coinceurs, broches à glace) et la méthode de secours en crevasse (mouflage) pour pouvoir ensuite mener correctement sa cordée en autonomie. L’UCPA, la Compagnie des Guides de Chamonix, Montagne Expédition, Kazaden proposent par exemple des stages de 3 jours : découverte, initiation, perfectionnement.
Côté matériel
Il est indispensable d’être parfaitement équipé pour faire face à toutes les situations. Voici le matériel technique minimum qui sera complété par du matériel spécifique en fonction de la course que vous allez réaliser.
Par personne :
- 1 casque normé alpinisme
- 1 paire de chaussures d’alpinisme GORE-TEX avec une tige haute et une semelle rigide cramponnable et surtout résistante à l’eau et l’abrasion, comme les Scarpa Triolet GTX ou les La Sportiva Trango Cube GTX
- 1 baudrier
- 1 sac à dos 30-35 litres
- 3 mousquetons à vis (dont 1 directionnel et 1 en forme de poire dit HMS)
- 2 sangles de 120 cm et 1 sangle de 180 cm avec chacune un mousqueton simple
- 1 autobloquant type « machard » (cordelette de 1m50 en 7mm)
- 1 descendeur-assureur (type Reverso de Petzl)
- 1 couteau mousquetonnable au baudrier, utile pas seulement pour le reblochon !
Pour la cordée :
- Une corde adaptée à la course dont il faudra prendre le plus grand soin, ne pas marcher dessus avec les crampons par exemple !
- coinceurs, friends et un décoinceur
- des dégaines, rallongeables c’est l’idéal
- de la cordelette pour renforcer les rappels
Si la course est sur neige, glace ou mixte, rajoutez :
- des crampons de préférence semi-automatiques, réglés à vos chaussures, avec anti-botte adapté pour éviter à la neige de s’accumuler sous vos pieds.
- 1 piolet droit ou 1 ou 2 piolets techniques suivant la course
- 2 broches à glace et une poulie micro-traction pour réaliser un secours en crevasse
Éventuellement : pack sécurité (DVA + piles, sonde et pelle), raquettes ou skis de randonnée, chaussons d’escalade, bâtons de marche, boussole, altimètre, carte et topo.
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le dress code optimal
Pour le haut du corps, le système 3 couches est de rigueur : un sous-vêtement thermique, une polaire pour la chaleur, une doudoune pour les moments d’attente et une veste contre les intempéries. La membrane imper-respirante et coupe-vent GORE-TEX Pro est particulièrement adaptée à la pratique de l’alpinisme pour les vestes comme pour les pantalons.
Cette technologie a été pensée pour les conditions et les utilisations les plus exigeantes. Cette robustesse, de la matière GORE-TEX, se retrouve également au niveau de la construction du vêtement (col tempête, volume de capuche pour le casque, gouttière sous les zips…) comme sur la Norrona Trollveggen, ou les modèles Millet Trilogy V Icon Dual ou Edge GTX. Plus qu’une veste, ces produits sont une « armure » pour affronter les sommets ! Ajoutez à cette panoplie un bonnet (plus il sera fin, plus il sera pratique à passer sous le casque), une casquette et un tour de cou, des lunettes de soleil indice 4, une paire de gant fin pour grimper et 1 paire de gants chauds compléteront la panoplie.
faire son sac d’alpi
L’important est d’avoir un sac léger et pratique. On organisera son sac dans l’ordre du déroulé de la course avec par exemple sur le haut les crampons et la lampe frontale si on commence par une approche sur glacier à 5h du matin. Le plus lourd contre le dos pour que la charge repose bien sur les hanches et le moins urgent en fond de sac : micro-doudoune, 2ème paire de gants et l’indispensable kit couverture de survie/pharmacie. Côté ravitaillement, on opte pour une formule à base de mini-sandwich ou de saucisson-fromage pré-découpés stockés dans des sacs de congélation faciles à sortir, pour s’alimenter tout au long de la course. La poche à eau peut être un bon plan pour s’hydrater régulièrement l’été. L’hiver, la bouteille en plastique reste le contenant qui gel le moins vite. On peut prévoir une petite dose de sel pour minéraliser l’eau de fonte et un petit encas « doudou » pour se rebooster en cas de coup dur.
Côté toilette, le mieux est de se contenter d’une brosse à dent, dont les pro du light casseront le manche, de bouchons d’oreilles pour les nuits en refuge et les filles apprécieront le luxe d’un « pipi debout » pour sauver leur journée coincée dans le baudrier…
le compagnon de cordée
Une cordée se compose de deux ou trois personnes et pour commencer, avoir un guide sur sa corde est vivement recommandé ! Avec son partenaire de cordée on va partager l’aventure, les imprévus, les émotions. Il est important de fixer les objectifs et limites, les horaires par exemple, et surtout d’échanger régulièrement ses observations. Pour se former et rencontrer des partenaires de cordée les nombreux Club Alpin (CAF) sont des valeurs sûres et les groupes départementaux comme le Groupe d’Alpinisme Féminin 73-74 feront le bonheur des passionnés qui ont soif de projets.
le choix du sommet
Avant de se lancer la fleur au piolet pour le Mont-Blanc, L’Eiger ou l’Aiguille Verte, il est conseillé de se familiariser avec les composantes de l’alpinisme les unes après les autres. Pour débuter, choisissez des parcours qui ne présentent pas de difficultés techniques particulières avec des courses côtées F (Facile) et PD (Peu Difficile), et laissez-vous infuser par la beauté des panoramas et des parois vertigineuses. Privilégiez de bonnes conditions météorologiques pour maximiser vos chances de réussite et assurez-vous avant de partir que toutes les conditions sont réunies : forme physique, état de la neige, météo,… afin de réduire les risques. Si ce n’est pas le cas, les sommets attendront !
Le coup de cœur du GAF pour de belles courses en neige : prenez la direction du refuge des Ecrins pour l’ascension de La Roche Faurio, une belle classique glaciaire et neige avec un final aérien en rocher facile ou encore la Grande Ruine au départ du refuge Adèle Planchard avec son magnifique panorama sur la Meije.
a quelles périodes pratiquer l’alpinisme
L’évolution du climat a profondément modifié les pratiques de l’alpinisme. La période la plus favorable aux courses de neige dans les Alpes et les Pyrénées s’étend dorénavant de début avril à début juillet. Au mois d’août et septembre, on évite au maximum les glaciers qui ne sont plus en conditions et on privilégie les courses d’arête en rocher.
L’alpinisme se pratique aussi en hiver. Des massifs comme Belledonne, le Vercors, la Chartreuse, le Dévoluy recèlent de nombreux itinéraires alpins : goulottes, couloirs de neige, arêtes et cascades de glace qui se pratiquent entre les mois de décembre et de mars.
culture montagne
Pour rêver de sommets et booster son mental :
3 livres :
- La montagne à mains nues. René Desmaison
- La voie des guerriers du rocher. Arno Llgner
- Dico Impertinent de la montagne. Cédric Sapin Dufour
3 films :
- T’es pas bien là ? de Seb Montaz avec Pierre Tardivel, Vivian Bruchez, Kilian Jornet et Douds Charlet
- Sur le fil de l’amitié de Bruno Peyronnet avec Christophe Dumarest et Patrick Gabarrou
- Limi, montagnes oubliées avec Ulysse Lefebvre et François Damilano
5 comptes Instagram d’alpinistes à suivre absolument :
- @mathis_dumas – guide de haute-montagne, photographe inspirant et membre de la Rebloch’Team des photos inspirantes
- @juliavirat – guide de haute-montagne et coach du GAF (Groupe d’Alpinisme Féminin)
- @christophedumarest – guide de haute-montagne et membre de la Rebloch’Team
- @tomlafaille – alpiniste nouvelle génération
- @freddegoulet, guide de haute montagne, Piolet d’Or 2018
L’alpinisme est avant tout un voyage au pays des cimes. Être alpiniste est un véritable parcours initiatique tant il y a d’éléments à appréhender qui nécessitent du temps et de l’expérience. “La maîtrise de la technique et de la sécurité sont indispensables pour explorer la montagne, puis ensuite il n’y a de limite que votre audace et votre imagination !” Julia Virat, guide-coach et le Groupe d’Alpinisme Féminin.
©alpifree
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