LES COTATIONS EN VOIES & LES COTATIONS EN BLOCS
6a, 5.13, 7B, 13… Non, ce ne sont pas les numéros du dernier tirage du Loto mais bien des exemples de cotations que l’on peut trouver sur tous les topos d’escalade de France ou du monde. Et encore, il en existe bien d’autres. Pourtant, chacune a bien une signification...
Si certaines différences sont culturelles (les USA n’ont pas le même système tout comme les anciens pays de l’Est puisque la pratique s’est développée parallèlement dans chacun de ces « continents », sans aucun échange), d’autres proviennent uniquement du fait que chaque type d’escalade a eu besoin de s’exprimer précisément.
De fait, on comprend bien qu’un 6a en falaise de 30 mètres ne peut pas tout à fait ressembler en termes d’effort à un 6a bloc de 3 mètres !
La seule donnée « 6a » ne représente pas alors la même chose, d’où le besoin de préciser la pratique.
En France et en falaise sportive (bien équipée), le système de mesure de difficulté des voies se lit d’un chiffre allant de 3 à 9, le degré principal, associé à une lettre a, b ou c qui permet de nuancer le niveau.
A partir du 5ème degré, on voit même s’ajouter un + après la lettre pour encore affiner la précision de la difficulté. Ainsi, vous trouverez les cotations dans cet ordre : 5c, 5c+, 6a, 6a+, 6b, etc. Idem pour le bloc mais en mentionnant la pratique ou plus récemment, en mettant une majuscule au lieu de la minuscule : 6A.
Aux USA, une cotation spécifique allant de V0 à V17 (pour l’instant) amène une certaine lisibilité à comparer du système établi pour les falaises, complexe 5.10a et 5.10b pour 6a+, 5.10c et 5.10d pour 6b alors que 5.11a couvre le 6b+ et le 6c… C’est sans compter sur les Anglais qui font complètement autrement, comme d’habitude (!), mais pour des raisons qui tiennent à leur approche de l’escalade sur protections amovibles.
Lorsqu’on pose soi-même ses protections, tout se complique, surtout qu’il y a souvent des sections entières où il n’est pas possible de poser un coinceur.
La cotation anglaise en falaise prend donc en compte ce paramètre d’engagement « physique et psychologique » avec une échelle de difficulté allant de E1 (ça commence avant en fait) à E11 doublée d’une échelle de difficulté inspirée de la cotation française en bloc (5a par exemple), qui représente le niveau technique du mouvement le plus difficile. Cela offre une double lecture : le E résume la difficulté de la voie, la partie française son pur niveau technique.
Plus la première partie est haute par rapport à la seconde et plus la voie est donc engagée, exigeante si ce n’est dangereuse. A l’inverse, la voie peut être très difficile physiquement mais très peu engagée. Cela ressemble finalement à ce qui se fait en cascade de glace ou en ski de couloir…
En fait, il existe bien d’autres systèmes de cotations, pas toujours très utilisés, ou des approches plus anciennes comme celle qui prévalent encore en alpinisme, du moins pour « classiques », avec les abréviations F (facile), PD (peu difficile), AD (assez difficile), D (difficile), TD (très difficile), ED (extrêmement difficile), le tout ponctué de « + ».
BREF, C’EST TOUT À FAIT COMPLEXE…
Et pas vraiment sans faille !
Evidemment, il ne s’agit pas d’une science exacte, d’abord parce qu’une voie doit être répétée une ou plusieurs fois par différents grimpeurs pour confirmer ou affiner la cotation, mais aussi que selon les styles et
Les régions, les équivalences fluctuent un peu (pas mal). Certaines falaises sont à la mode car il y est beaucoup plus facile de s’exprimer qu’ailleurs (prises plus visibles, cotations moins serrées), le contraire d’autres endroits où les perfs se paient à prix d’or ! L’essentiel demeure la bonne foi de chacun : celui qui ouvre la voie et celui qui la répète, c’est-à-dire nous tous. Il faut d’autant rester humble face à la côte que selon la physiologie de chacun, on peut « randonner » un passage et prendre un « but » dans un autre de même niveau. Pour ma part, je sais m’exprimer mieux dans les voies longues en continuité que celles plus courts et plus typés blocs. Chacun son style, pour les grimpeurs comme pour les voies. C’est la richesse infinie de ce sport ! Alors grimpez et lancez-vous dans tout type de voies en oubliant un peu la cotation selon la symbolique de ce proverbe chinois : « N’aie pas peur d’avancer lentement, aie peur de rester immobile !