Le sentier de Grande Randonnée 20, dit GR20, s’est imposé depuis des années comme la référence des sentiers de randonnée en Europe. Traversant le haut relief Corse du nord au sud, le numéro 20 fait d’ailleurs référence à l’ancien numéro de département Corse. Il est souvent qualifié comme l’un des plus beaux chemin du continent, voir du monde.
Le GR20 : un mythe montagnard accessible à tous ?
Cette réputation vient de la diversité des paysages qu’ il offre : entre mer et montagne, souvent magique, des fois spectaculaire … Mais ne nous mentons pas, c’est sûrement le plus difficile des GR. Afin d’ appréhender au mieux ce parcours, une préparation est vivement conseillée. Que vous soyez modeste randonneur, ou traileur affuté comme Guillaume Peretti, ancien recordman du GR20 (32h en 2014) il faut s’entraîner por se donner toutes les chances de réussir cette escapade dans les meilleures conditions.
Sommaire
Le parcours
Avant de parler préparation et entraînement, il est important de savoir à quoi s’attendre. Une bonne connaissance du parcours et de ses difficultés est indispensable pour établir un plan d’entraînement en conséquence.
Les étapes du GR20
Etape | Départ => Arrivée | Km | D+/D- |
1 | Calenzana => Ortu di u Piubbu | 10 km | 1360/ 60 |
2 | Ortu di u Piubbi => Carrozzu | 7 km | 780/ 917 |
3 | Carrozzu => Station d’Ascu Stagnu | 8 km | 790/ 640 |
4 | Ascu Stagnu => Tighietti | 8 km | 1060/ 800 |
5 | Tighietti => Ciottulu di i Mori | 6,5 km | 620/ 80 |
6 | Ciottulu di i Mori => Manganu | 22 km | 650/1050 |
7 | Manganu => Petra Piana | 8 km | 850/ 600 |
8 | Petra Piana => Onda | 10 km | 850/ 600 |
9 | Onda => Vizzavona | 10 km | 850/ 600 |
10 | Vizzanova => Capannelle | 14 km | 900/ 224 |
11 | Capannelle => Prati | 17 km | 890/ 600 |
12 | Prati => Usciolu | 10,5 km | 700/ 750 |
13 | Usciolu => A Matalza | 10,5 km | 400/ 650 |
14 | A Matalza => Asinau | 10 km | 650/ 550 |
15 | Asinau => Paliri | 17 km | 440/ 910 |
16 | Paliri => Conca | 12 km | 160/ 970 |
Il existe de multiples façons de se faire plaisir sur le GR20 : en marchant, en courant, en effectuant le parcours en entier, juste quelques étapes, en suivant l’itinéraire principal ou en préférant les variantes… Les possibilités ne manquent pas et vous trouverez forcément un objectif à la hauteur non seulement de vos ambitions mais aussi de votre niveau.
Le Saviez-vous ? Le parcours record de François d’Haene passe par les crêtes du haut d’Asco pour arriver à l’ancien refuge l’Altore sous Bocca Tumaginesca (entrée Nord du cirque de la solitude).
Le Balisage
Les GR, et le GR20 en particulier, sont balisés en blanc et rouge. Les marques de balisage sont réalisées par différents procédés : peinture, autocollant, plaque PVC… Le GR20 est très bien entretenu et les balisages sont faciles à repérer. Si vous levez la tête et restez concentrés sur le balisage aux intersections, vous avez très peu de chance de vous tromper de chemin. Nous vous conseillons tout de même d’emporter avec vous une carte IGN en cas de doute.
Régulièrement, des panneaux jaunes vous aiguilleront sur le temps de marche estimé jusqu’aux prochains points identifiables du parcours (refuge, sommet…). Les temps de marche sont définis pour un randonneur moyen par des conditions de beau temps. Ils vous donneront une bonne estimation de ce qu’il vous reste à parcourir pour atteindre ces points de passage.
Les Difficultés
Le parcours montagneux du GR20 n’est pas des plus exigeants. Certains rares passages, nécessitant de se tenir aux chaines placées à flanc de falaise ou de grimper ou descendre à une échelle, peuvent faire peur à ceux qui sont plus sensibles au vertige. Mais tout est très bien sécurisé et entretenu. Néanmoins, les mauvaises conditions météorologiques que l’on rencontre parfois en montagne (brouillard, pluie, neige, froid…) peuvent rendre les portions techniques délicates (rocher glissant, chemin de boue…).
Au-delà de ça, la plus grande difficulté du GR20, et ce qui fait aussi sa renommée, réside dans les 177km et quelques 13000m de dénivelé positif (et autant de négatif) qu’il faut accomplir pour en venir à bout. Généralement, il est parcouru en 16 étapes (cf. tableau ci-dessus). Selon le niveau des randonneurs, cela représente en moyenne 5 à 7h de marche par jour, pendant 16 jours.
Les plus courageux (ou les plus aguerris) peuvent doubler voire tripler les étapes, rallongeant en conséquence le temps quotidien passé sur les chemins.
La partie Nord est la plus technique, la plus escarpée. La partie Sud est moins vallonnée. Suivant le sens que vous décidez d’emprunter, cette information peut avoir son importance. La fatigue des jours qui passent peut rendre les passages techniques plus difficiles qu’ils ne le sont en réalité (si vous choisissez le sens Sud -> Nord). A l’inverse, vous savez que vous aurez passé le plus difficile après la moitié du parcours dans le sens Nord -> Sud.
GR20 ET ACCIDENT : En Juin 2015, un des accidents les plus grave de la montagne Corse s’est produit. Sept randonneurs ont trouvé la mort suite à un glissement de terrain survenu après un orage dans le cirque de la solitude en Haute Corse. Canyon à flanc de montagne, le cirque d’I Cascittoni (ou cirque de la solitude) se franchit à l’aide d’échelles, de chaines et de câbles fixés à la parois parfois verticale lors de la troisième étape du GR20 (en partant du nord). Moins d’une heure avant l’accident, alors que le temps était encore au beau fixe, ils avaient été prévenus que les conditions météorologiques risquaient de se dégrader. Ils ont pris le risque de continuer leur route. L’orage a ensuite éclaté subitement et a duré deux heure… Il ne faut donc jamais négliger les conseils des gardiens de refuge ou des autres randonneurs. La météo en montagne change très rapidement et peut procurer de mauvaises surprises… de temps en temps avec des conséquences dramatiques. La recherche de vitesse et de dépassement de soi ne doit pas non plus vous faire prendre des risques démesurés.
A savoir : Le cirque de la solitude (ou Cascittoni) a été déballisé et rendu interdit aux groupes de randonneurs encadrés par un professionnel. Le passage est néanmoins accessible pour les plus aguerris (équipé vous d’un out de corde pour assurer la sécurité). François d’Haene est d’ailleurs passé par ici lors de son record du GR20 en 2016.
Voir aussi : Quel matériel prendre pour le GR20 ?
Les Points culminants
Pour les amateurs de hauts sommets, de nombreuses variantes sont possibles. Le Mont Cintu (2706m), le Mont Rotondo (2622m) ou encore le Paglia Orba (2525m) ne sont pas sur le parcours traditionnel du GR20. Ils sont cependant accessibles depuis les « refuges-étapes » via des itinéraires annexes. Ces sommets emblématiques sont bien moins fréquentés que le GR20 mais offrent des points de vue à 360° sur toute la Corse… magique !
La vie en Montagne
Toutes les étapes du GR20 sont planifiées entre deux refuges gardés. Même si vous ne dormez pas dans leur refuge, nous vous invitons à tous aller saluer les gardiens. Ils connaissent le GR20 par coeur, ils ont toujours une petite anecdote à raconter sur le parcours et vous donneront des indications très précieuses sur ce qui vous attend. Ils sauront aussi très bien vous conseiller sur la météo des jours qui suivent.
Si certains passages sont rendus dangereux à cause de la météo ou si vos capacités à traverser des passages techniques vous limitent, ils sauront vous aiguiller vers des itinéraires « bis » plus accessibles (cf. « GR20 et accident »).
Le saviez-vous: Les itinéraires « Bis » dits Alpin sont balisés en Jaune.
Au delà de ça, la vie dans les refuges est toujours très conviviale, le partage avec les autres randonneurs, les petits plats concoctés par le gardien, un feu de bois dans la cheminée pour réchauffer les plus frileux, sont toujours très appréciés. Sur les chemins, un petit « bonjour » aux autres randonneurs est aussi de coutume. La courtoisie est la règle numéro 1 en montagne.
Refuge de Petra Piana
Refuge de Carrozzu
Enfin, Le GR20 traverse le Parc naturel régional de Corse. Vous allez évoluer dans un milieu naturel protégé. Afin de préserver au maximum l’équilibre de cet espace et la biodiversité, il convient de respecter certaines consignes. Principale règle, les bivouacs sauvages sont formellement interdits, tout comme faire du feu. Des espaces « campings et bivouacs » sont à la disposition des randonneurs autour des refuges. Bien sûr, vos déchets sont à garder dans votre sac. Les refuges sont souvent approvisionnés à dos d’homme ou par hélicoptère. Régulièrement, les gardiens vous demanderont de garder vos déchets personnels tout au long de votre trajet pour éviter que quelqu’un ne les redescende pour vous.
CE QU’IL FAUT RESPECTER : Comme tout espace naturel, le parc naturel régional Corse est un lieu fragile qu’il convient de protéger et de respecter en adoptant les bons comportements : Randonneur responsable : – Respectez les animaux sauvages, ne les effrayez pas – Ne pas cueillir les fleurs qui couvrent les sous bois – Ne jetez pas vos détritus, emportez les La charte du randonneur : – Le camping sauvage est interdit – Utilisez les aires de stationnement – Restez courtois, silencieux et discret, observer sans toucher – Respecter les propriétés privées, les cultures, les animaux – Tenez vos chiens en laisse – Evitez de fumer, n’allumez pas de feu dans les bois
Le GR20 en courant :
Depuis quelques années, le trail fait sensation. Et, nous même passionnés de trail, nous comprenons pourquoi. Courir sur des sentiers en pleine nature, loin du bruit de la civilisation, rechercher la difficulté à travers le dénivelé, les passages techniques, découvrir des paysages en voyageant « léger » et rapidement. Les raisons sont nombreuses pour favoriser cette approche du déplacement en montagne. Néanmoins, cette recherche du dépassement ne doit pas aller à l’encontre des règles énoncées ci-dessus sur la courtoisie et le respect des règles de la nature. Niveau organisation, les points routes sont bien répartis. Vous pourrez, assez facilement, prévoir une assistance et/ou un ravitaillement par voiture ou encore dormir en hôtel ou en gite. N’hésitez pas à demander des informations sur des points d’eau aux gardiens des refuges. Ils ne sont pas tous signalés sur les topos et cartes IGN.
Avant d’en profiter : place à l’entrainement
En regardant les distances des étapes sur papier il est possible que certains aient du mal à se rendre compte de la difficulté que cela représente. Quand on fait 8km en trottinant on est plutôt en dessous de l’heure qu’aux alentours de 8h… Le dénivelé, la technicité des chemins empêchent d’évoluer rapidement et peuvent frustrer ou surprendre certains randonneurs. Selon les écrits, le taux d’échec varie de 50 à 80%. Et pourtant, croyez-nous sur parole, le GR20 est accessible à tout le monde, à condition de s’y préparer. On se rend compte assez facilement que les échecs sont souvent dus à une mauvaise préparation ou à une motivation pas toujours assez grande. Cette succession de journées de marche oblige tous ceux qui veulent s’attaquer à ce monument à avoir une bonne condition physique et la faculté à évoluer dans un milieu montagnard. Nous souhaitons faire passer le message que le GR20 est accessible à tous. A condition d’anticiper et de suivre une préparation adaptée à son niveau et à ses objectifs pour se donner toutes les chances de réussir cette merveilleuse aventure.
CE QU’IL FAUT RETENIR : – Il existe de multiples façons d’appréhender le GR20 – La plus grande difficulté du GR20 réside dans ses 177km de long et 13000m de dénivelé positif – Le balisage régulier Blanc et Rouge du GR20 vous évitera de sortir votre carte à chaque intersection – Votre préparation et votre entrainement seront vos meilleurs alliés pour prendre du plaisir sur le GR20