Ocean Peak Trip est né de la volonté de marins, d’alpinistes et d’éducateurs de vivre leur passion « mer-montagne » et de la transmettre à des jeunes en difficulté. En moins d’un an une association est montée, un bateau est trouvé et une première expédition est menée. L’été dernier un équipage métissé de 8 adultes s’est rendu dans les Lofoten (Norvège) à bord de Trifon, un voilier en aluminium de 16 mètres pour collecter les ingrédients qui composeront demain les futurs « séjours de rupture ». Car en mer, sur terre et bientôt auprès de jeunes défavorisés, Ocean Peak souhaite faire souffler un vent nouveau et « Ouvrir de nouvelles voies ».
À bord nous sommes huit, avec chacun des perceptions et des expériences différentes. Marta et Benoit sont deux marins expérimentés, concurrents de la Mini Transat* et piliers du Projet Ocean Peak, Antoine Rolle est aspirant guide et alpiniste, Alex Buisse Photographe, Robin Montrau vidéaste, Lucie Legrand artiste peintre et Géraldine Ruiz journaliste et auteure. Tous sont animés par des talents et des attentes personnelles mais d’abord réunis par l’intention collective du projet : vivre une itinérance en mer et sur terre . Cette première expédition dans les Lofoten est imaginée avec pour objectif de poser les bases des futurs « séjours de rupture » que nous souhaitons proposer au printemps 2019 à 4 jeunes de 13 à 17ans durant 15 jours en mer et en montagne.
Au commencement
Ce voyage est d’abord l’occasion de découvrir le bateau, Trifon un « Lévrier des Mers » en aluminium de seize mètres, à la fois rapide et robuste. L’embarcation idéale pour répondre au mieux à nos besoins : réduire le temps des convoyages en direction des sommets, utiliser l’énergie du vent au maximum, être en sécurité dans les tempêtes des mers du Nord et pouvoir accueillir jusqu’à huit personnes à bord. Tels sont les critères qui nous ont fait choisir ce voilier devenu au fil des jours notre maison, mais aussi notre compagnon, notre moyen de locomotion et en ce qui me concerne un fantastique générateur d’émotions… Ou instrument de torture diront certains ! Véritable culbuto le marin est condamné à retrouver son centre. La mer est en mouvement, le vent est vivant, le bateau avance et le marin navigue, ce quadruple déplacement nécessite un temps d’adaptation. Une forme de « lâcher prise » avec la météo, le mal de mer et le mouvement incessant du bateau est nécessaire. Je découvre que le rapport à l’instant présent n’est pas le même qu’en montagne, sport mécanique oblige, il n’y a pas de bouton pause sur Trifon !
Proche des sensations de l’équitation, le marin est obliger de faire corps avec sa monture, impossible d’aller contre le « flow » ou plutôt contre les flots au risque de se briser les os ou les boyaux. Le bateau qui nous supporte et nous transporte possède lui aussi sa propre personnalité. Bruyant comme un cheval il émet des sons en permanence, et renseigne à tous moments celui qui sait entendre.
Le vent dans l’étai du génois, les bastaques qui vibrent, le grincement des poulies, le faseyement des voiles ou encore l’étirement des bouts sur le winch sont autant de bruits qui habillent l’embarcation. Allongé dans ma bannette je perçois sur le pont l’agitation des manœuvres et les pas précipités qui résonnent sur la caisse de résonnance de l’habitacle. Semblant de calme… puis de nouveau j’entends les voix feutrées des marins et le bruit de l’eau qui s’abat sur la coque. Tous ces ingrédients sonores stimulent l’imaginaire, éveillent les sens et donnent véritablement au voyage une sensation d’expédition.
De nuit, à la barre, loin des reliefs, je découvre l’univers de l’altitude zéro et constate que même au niveau de la mer les bivouacs peuvent être spectaculaires. Baptême à l’eau salée pour une immersion dans le grand bain, nous partons pour un périple loin des côtes qui doit nous conduire d’Edinbourg aux Iles Lofoten. Une petite semaine de traversée entre mer du nord et mer de Norvège avec une immersion dans l’océan glacial Arctique et le passage du mythique Cercle Polaire.
Accompagné par un vent arrière favorable qui nous pousse à vive allure vers notre destination, nous bénéficions de conditions de navigations clémentes. Grâce à la pédagogie et à la patience de nos marins l’apprentissage se fait dans la bienveillance. L’équipage s’amarine en même temps que les grimpeurs commencent à faire des tractions ! « chassez le naturel… » Je découvre une autre manière douce d’évoluer sur l’eau et tente de profiter de cette traversée où tout n’est que mouvements et beauté, manœuvres quarts et nouveautés.
Team Spirit
L’ambiance à bord est excellente. Au fil des jours les masques tombent et chacun renvoie à l’autre ce qu’il est prêt à donner. La bienveillance est au cœur des rapports et malgré nos différences, le collectif se forme. Marquer une pause pour imaginer un nouveau départ, levez la tête et prendre le temps, nous empruntons au pèlerinage et à sa frugalité quelques uns des éléments qui participent à une transformation. La citation de N. Bouvier est juste, c’est davantage le voyage qui nous fait que l’inverse.
A peine débarqué dans l’archipel des Lofoten, influencé par l’enthousiasme débordant des grimpeurs, c’est tout l’équipage qui découvre impressionné l’imposante face Ouest de 600m de haut de l’Helvetestinden. Après les temps forts de la vie à bord et du huit clos imposé par le bateau, c’est celui d’un véritable camp de base qui attend la nouvelle cordée.
En plus d’être la plus méridionale de l’archipel des Lofoten, Moskenesoya est sans conteste l’ile la plus attractive pour des alpinistes en quête d’exploration et d’ouvertures de nouveaux itinéraires. Lorsque dans les Alpes, tous les sommets, toutes les arêtes et toutes les faces ont été gravis, il reste, dans quelques rares coins isolés de la planète, souvent accessibles uniquement en bateau, des pans entiers de montagnes à explorer. La plage de Bunes et les satellites rocheux, souvent de plus de 500m de haut qui l’entourent, en font partie.
Un de ces lieux où chaque sommet est un rêve de grimpeur. Inspirée, c’est ici, dans ce paradis vertical mis en relief par la ligne horizontale de la mer du nord que l’équipe d’Ocean Peak a choisi d’élire domicile. Notre excitation est à son paroxysme, Antoine ne tient plus en place et Benoit, grimpeur lui aussi se met à rêver à l’ouverture d’une nouvelle ligne de fissures en plein milieu de la face. Notre accès grâce à Trifon, est largement facilité. L’approche en bateau prend ici tout son sens. De l’autre côté du fjord, une éclaircie sans vent permet à une partie de l’équipe de s’envoler en parapente du sommet qui surplombe la plage et concentre l’objet de nos convoitises. Instants magiques, le parapente se révèle être aussi un magnifique moyen d’observation pour scruter les futures lignes verticales que nous souhaitons grimper. Suspendus entre deux mondes, en apesanteur, la vue de la mer, de la côte, de notre camp et de la face ouest, forment une unité exceptionnellement belle. Chanceux, nous nous rapprochons de reliefs acérés et de points de vue inédits, d’habitude réservé au domaine des oiseaux.
Très vite l’attraction du sommet qui nous domine prend le dessus. Nous commençons l’exploration de la face par une première voie esthétique ouverte par Tommy Caldwel et Beth Rodden deux légendes de l’escalade américaine qui ont laissé leur signature sur le pilier droit qui borde la face. Puis c’est avec Antoine, Benoit, Marta et Robin que nous poursuivons la découverte de cette face grandiose. Cette fois-ci, les marins sortent de leur zone de confort et expérimentent de nouvelles techniques, de nouveaux efforts et parfois de nouvelles appréhensions.
Seule la pratique de l’escalade peut nous permettre de toucher à certains « nids d’aigle », juchés en pleine paroi. A travers notre errance verticale, nous découvrons comme des gamins : fissures, niches, rampes, terrasses, grottes, vires, dalles et devers qui nous font voyager bien au-delà de la grimpe. Ces découvertes géologiques insoupçonnées du bas sont nos trésors du moment. Nos perceptions, tout comme le panorama sur l’océan évoluent au rythme de notre progression.
Le « jeu dangereux » de l’escalade aventureuse nous rappelle paradoxalement notre gout de la vie et témoigne de notre volonté de ne pas passer à côté. L’escalade a cela de magique qu’elle vous fait basculer dans un autre monde. Le corps et l’esprit entièrement mobilisés, l’action se suffit à elle même. Dans un passage difficile et exposé, impossible de penser à autre chose ou espérer décrocher son téléphone. C’est un peu comme si le changement de progression, du mode horizontal au mode vertical, modifiait simultanément notre rapport au corps, à l’espace et au temps. Accaparé par l’action, quand tu grimpes…tu grimpes ! Quel confort ! « Quand tu manges, manges ! Et quand tu dors, dors ! » Invite avec fermeté le proverbe zen. Facile à dire ! En plus de ne pas laisser le choix, la grimpe a cela d’unique qu’elle vous mobilise entièrement dans tout ce que vous êtes, vous faisant d’ailleurs oublier au passage qui vous croyez être. C’est peut-être cela sa plus belle fonction, vous obliger à ne plus penser et vous offrir simplement la possibilité… d’être. Là encore, c’est le contraste du vide, de l’inconfort du baudrier et des chaussons qui nous font gouter au plaisir de l’horizontalité et du gazon sommital.
Ces deux voies serties dans un écrin sublime seront les seules que nous pourront nous offrir, la météo locale ne nous permettra pas d’ouvrir la ligne de nos rêves. Après une période de beau temps historique, la pluie s’installe durablement sur la plus méridionale des iles des Lofoten. Petite partie du monde réputée davantage pour sa météo capricieuse que pour ses anticyclones, cette ile du nord aura su conserver une part de secrets. Un jour nous nous reverrons…
À peine rentré
Ce premier voyage Ocean Peak nous aura conforté dans l’idée de ce que peut apporter un autre rapport au temps à la nature et à finalement à l’autre. Bien au-delà d’un simple terrain de jeux ces pratiques et ces espaces nous rappellent à chaque instant leurs fonctions essentielles. Témoins de l’évolution du groupe et des individualités durant un mois de voyage et d’aventure, chacun, à l’aide de son talent, aura retranscrit ce qu’il a observé, ce qu’il a ressentit et finalement ce qu’il a évolué. Et c’est bien de « rupture » dont il est question avec les quatre « jeunes en difficulté », que nous souhaitons embarquer au printemps prochain durant 15 jours entre mer et montagne, mineurs entre 13 et 17 ans encadrés par deux marins, un éducateur et un guide au départ de La Rochelle. Nouvelles expériences, associées à de nouveaux défis… Faire une pause pour insuffler une nouvelle dynamique, donner envie, cultiver l’autonomie et proposer un autre regard sur le monde et la nature telles sont certains des objectifs de ces futures « expés jeunes ». L’histoire ne fait que commencer, alors à tous ceux qui voudront nous accompagner et rejoindre la cordée : Welcome on board !
Matériel pour l’expédition
Le chausson Drago de la gamme Scarpa est un chausson confortable avec un renfort en caoutchouc étendu sur le dessus du pied parfait pour accrocher sur de grands surplombs et pour le bloc. Sa technologie PCB-Tension System permet un excellent transfert de l’avant à l’arrière du pied. Enfin, sa semelle en Vibram XS Grip2 lui procure une excellente accroche quelle que soit la situation. Volume très fin qui ne convient pas aux pieds larges.
Le Sitta est le baudrier le plus abouti ainsi que le plus haut de gamme de Petzl avec un poids de seulement 270g en taille M. Le tout nouveau Sitta de Petzl, est un harnais d’expert et destiné à la pratique intensive. Conçu pour être une véritable seconde peau, il se prédestine à des grimpeurs aguerris. Doté des toutes dernières technologies Wireframe de Petzl, armez vous comme il se doit pour atteindre des sommets toujours plus hauts.
La nouvelle lampe frontale de Petzl Bindi est très légère! En effet, grâce à son desgin très fin, elle ne pèse que seulement 35g et tient dans le creux de la main. Dotée d’une puissance de 200 lumens, la Bindi est idéale pour tous vos déplacements ainsi que pour vos entraînements course à pieds, vtt, marche à pieds… Avec sa prise USB, la lampe Bindi est très facile à recharger. Avec son bandeau fin le lampe frontale Bindi peut aussi être portée autour du cou. Avec son étanchéité IP X4, la Bindi est résistante aux intempéries..
La Trip Ecaille est une paire de lunettes de la marque Julbo. Parait-il qu’on reconnaît un voyageur à son bagage ou son passeport bien rempli. Julbo eux, sont persuadés qu’on le reconnaît également grâce à ses lunettes et c’est dans cette optique qu’ils ont créé la Trip. La Trip Ecaille Gris Transl Sp3Cf bénéficie d’un verre en Polycarbonate de catégorie 3 avec un traitement miroir coloré, elle vous garantit un renforcement de la filtration de la lumière, une bonne résistance aux chocs et une adaptation pour tous les usages.
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